C’était une proposition d’atelier : comment maintenir une dynamique de vie tout en étant conscient de la situation écologique ?
Le contexte était celui d’un lieu de vacances : l’Espace du possible, avec un format de 2h par jour pendant 5 jours. 4 personnes ont participé de bout en bout à l’atelier en juillet 2025.
Le processus proposé est passé par le partage des ressentis de chacun, et ressources pour rester vivant grâce à plusieurs expériences , dont une expérience en nature, ainsi que d’autres médias et outils . Nous avons exploré : les conditions favorables à la joie , la gratitude comme ancrage, les énergies spécifiques de chacun , les modes d’actions possibles et préférés, les formes d’humour sur le thème de l’écologie.
Pour la phase de création, le domaine choisi était celui de la chanson, écoute et partage de chansons connues pour ouvrir l’inspiration, petite expérience d’écriture, puis à partir d’une mélodie connue écriture de nouvelles paroles. Ainsi « comment ne pas perdre la tête » de la chanson « les Amants de Saint Jean » a connu de nouvelles paroles, traduisant ce que le groupe ressentait, avec poésie.
Elle a été présentée collectivement à un public qui a pu aussi la chanter , accompagnée à la guitare et à l’accordéon diatonique, puis lors d’un deuxième temps, l’air joyeux d’une tarentelle, a été ponctué d’ interventions humoristiques courtes lancées en direction du public. Cette présentation a été égayée par des couronnes de fleurs ou plantes issues de la nature , réalisées par une participante art thérapeute.
Cette étape d’expression à partir de son intériorité me semblait importante pour deux raisons : permettre aux participants d’oser partager leur sensibilité, aller au-delà d’une protection de soi certes nécessaire mais aussi de renforcer justement leur vécu spécifique en le partageant grâce au fait d’être en groupe, et devant un public ; la deuxième raison est de pourvoir faire circuler cette énergie cultivée lors de l’atelier au delà de l’entre soi, et d’oser dire des choses difficiles avec tact, grâce à une forme collective et soutenue par une musique tonique.
Cette expérience est au service d’ une passerelle entre les les dispositifs spécifiques d’écopsychologie et la dimension artistique . Continuer de créer, en sentant sa joie d’être en vie, tout en étant écolucide, est une voie pour maintenir le vivant en nous, ensemble, et le partager, le diffuser face aux autres. C’est une ligne de crête alliant conscience et sensibilité, joie communicative et gravité, humour et réalisme.
J’y vois un soutien à nos identités confrontées à un besoin de protection vis à vis d’un état du monde , se traduisant parfois par une tendance au repli , à la fermeture aux informations anxiogènes. Cela n’est pas tenable pour plusieurs raisons : risque d’être en boucle, de se conforter dans des bulles relationnelles renforçant cette posture. ; et du point de vue citoyen, risque d’être impacté encore plus fortement du fait des méconnaissances .
La piste proposée ici est celle de nourrir ce besoin de protection dans un dispositif collectif, qui va le soutenir, et de faire l’expérience de l’expression vis à vis de l’extérieur pour travailler en profondeur ses mécanismes de défenses, en développant sa capacité à s’exprimer sur ce sujet délicat, oser en parler : on peut faire l’hypothèse que cette expression authentique trouvera un écho auprès d’un public.
Je serai heureuse d’accompagner, à la carte, d’autres projets collectifs, dans un contexte éducatif, citoyen , engagé, permettant d’allier conscience de l’état du monde et partage sensible dans un projet artistique.
Voici ce qu’en disent les participants
« je me suis sentie nourrie , reconnectée avec ma partie créative , c’était bon de retrouver de l’humour dans un contexte anxiogène , d’avoir des échanges » I.
« j’ai aimé pouvoir approfondir les expériences proposées, prendre le temps de partager les diversité de nos parcours. J’ai pu réactiver ma joie ça me relance pour tenir le cap » K.
« créer avec les mots, et à plusieurs, cela m’a plu, et aussi sentir le lien avec d’autres ateliers , espaces existants « P.
« j’ai aimé partager entre personnes différentes, avec des médias variés, c’étaient de belles rencontres » M.
