J’ai un parcours de nombreuses années dans le domaine de l’enseignement et de l’animation, toujours dans une optique de conscientisation politique pour favoriser des actions ayant du sens . J’ai pu réaliser ces expériences dans l’institution, l’enseignement agricole ( éducation socio-culturelle et à la solidarité internationale) et dans le secteur associatif (réseaux d’AMAPs, et de paysans, programme alimentation durable de l’association Echanges pour une Terre Solidaire) .
Maintenant reconvertie dans le domaine de la psychothérapie, j’accompagne notamment des éco-anxieux. Je m’inscris dans le courant de l’écopsychothérapie , qui fait une place à la nature dans l’accompagnement.
Comment ne pas se sentir concerné par les évolutions écologiques ou climatiques annoncées ? Il n’est pas pathologique d’être inquiet face à l’avenir de la planète, mais la difficulté est de gérer sa représentation de l’avenir, et il ne faut pas banaliser le bouleversement psychique que les prises de consciences amènent.
Or aujourd’hui ,les actions d’éducation populaire sur tous les thèmes d’actualité comme l’alimentation durable, le respect de l’environnement, les mobilités douces, …n’ont de sens que si elles sont situées dans un contexte plus large, et associées à des prises de conscience plus radicales comme la dégradation annoncée de la planète, de ses milieux, de ses ressources , et de ses conditions climatiques. Comment accompagner des personnes venant de vivre une fresque du climat qui les a souvent touchés, ou qui a soulevé des questions existentielles comme celle de l’avenir de l’espèce humaine …
Nombreux sont ceux qui, éco-conscients, choisissent de continuer à agir en vue d’un changement, en lien avec les autres, et pour maintenir leur éthique de responsabilité. Le choix de l’action est parfois aussi un sujet compliqué.
La posture de l’animateur devient donc plus complexe : là où il doit favoriser une prise de conscience, il risque de provoquer de l’anxiété, de la colère, de la tristesse, voire une démobilisation.
L’enjeu devient donc qu’il ait lui même traversé ces processus, et pour cela qu’il ait bénéficié d’un espace collectif pour le partager de sorte d’être au clair sur sa posture face à des publics. Il n’y a pas de posture idéale, en revanche, il est de la responsabilité de l’animateur d’être conscient de ses propres ressentis . Ainsi, il sera en mesure de gérer ceux du public, en maintenant une distance suffisante vis à vis de ce qu’il vit lui-même intérieurement au moment où il intervient . De plus, conscient des déstabilisations émotionnelles possibles, il prévoiera des temps pour qu’elles soient partagées, soutenues dans un cadre adapté et sécurisant comme celui de groupes de paroles Enfin, il pourra s’appuyer sur des temps en nature favorables au ressourcement .